Balanciers

Publié le par Nico

Les pendus du temps se balancent
Au-dessus du bitume des villes
Le visage entravé, leur dernière expression masquée
Les yeux du monde ne les entendront plus
Leur ultime témoignage :
Le corps, tic, tac, sur la place publique
Le bourreau joue avec les aiguilles

Les avances

Les retiens

Les reculs
Amusé, il pense à sa baguette retournée chez le boulanger

Il a faim
Et sait que jamais il ne manquera de pain
La superstition en éloigne les autres mains par des accords nocturnes
Il rit de cette conjoncture favorable
Les badauds assistent au spectacle
Leurs têtes suivent en cœur le mouvement des corps

Tic, tac

Bouche bée
La foule n’est plus qu’un seul œil brillant d’horreur

Plein de plaisir voyeur
Le boulanger crie qu’il va fermé
Le public suspendu au pendule ferme la bouche

Se détache de son hypnose
Peu à peu vers la miche quotidienne
Le bourreau guette le dernier bruit de corde

Pour relancer l’horloge
Demain, les pendus du temps se balanceront
Au-dessus du bitume des villes

Le visage entravé
Et tout le monde sera à l’heure.


Publié dans Textes - Slam...

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N
Merci à vous deux Dominique et Loïs. Ca fait plaisir. Et non, Loïs, je ne connaissais pas ce poème, merci de me le faire découvrir.
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L
Qu'est-ce que t'écris bien la vache ! Tu connais la ballade des pendus de François Villon ? :o)<br /> Frères humains, qui après nous vivez,<br /> N'ayez les coeurs contre nous endurcis,<br /> Car, si pitié de nous pauvres avez,<br /> Dieu en aura plus tôt de vous mercis.<br /> Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :<br /> Quant à la chair, que trop avons nourrie,<br /> Elle est piéça dévorée et pourrie,<br /> Et nous, les os, devenons cendre et poudre. <br /> De notre mal personne ne s'en rie ;<br /> Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !<br /> <br /> Se frères vous clamons, pas n'en devez<br /> Avoir dédain, quoique fûmes occis<br /> Par justice. Toutefois, vous savez<br /> Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.<br /> Excusez-nous, puisque sommes transis,<br /> Envers le fils de la Vierge Marie,<br /> Que sa grâce ne soit pour nous tarie,<br /> Nous préservant de l'infernale foudre.<br /> Nous sommes morts, âme ne nous harie,<br /> Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !<br /> <br /> La pluie nous a débués et lavés,<br /> Et le soleil desséchés et noircis.<br /> Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,<br /> Et arraché la barbe et les sourcils.<br /> Jamais nul temps nous ne sommes assis<br /> Puis çà, puis là, comme le vent varie,<br /> A son plaisir sans cesser nous charrie,<br /> Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. <br /> Ne soyez donc de notre confrérie ;<br /> Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !<br /> <br /> Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,<br /> Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :<br /> A lui n'ayons que faire ne que soudre.<br /> Hommes, ici n'a point de moquerie ;<br /> Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !<br />
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D
Pas mal du tout ce texte. il y a du souffle.
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