Balanciers
Les pendus du temps se balancent
Au-dessus du bitume des villes
Le visage entravé, leur dernière expression masquée
Les yeux du monde ne les entendront plus
Leur ultime témoignage :
Le corps, tic, tac, sur la place publique
Le bourreau joue avec les aiguilles
Les avances
Les retiens
Les reculs
Amusé, il pense à sa baguette retournée chez le boulanger
Il a faim
Et sait que jamais il ne manquera de pain
La superstition en éloigne les autres mains par des accords nocturnes
Il rit de cette conjoncture favorable
Les badauds assistent au spectacle
Leurs têtes suivent en cœur le mouvement des corps
Tic, tac
Bouche bée
La foule n’est plus qu’un seul œil brillant d’horreur
Plein de plaisir voyeur
Le boulanger crie qu’il va fermé
Le public suspendu au pendule ferme la bouche
Se détache de son hypnose
Peu à peu vers la miche quotidienne
Le bourreau guette le dernier bruit de corde
Pour relancer l’horloge
Demain, les pendus du temps se balanceront
Au-dessus du bitume des villes
Le visage entravé
Et tout le monde sera à l’heure.